dimanche 13 juillet 2008

PARTAGE DE LA LUMIÈRE


Tu t’avances
vers cette étoile
dans l’eau
de la rivière

ce point-virgule
tournoyant
sur des fragments
d’ombre

tu te dis
le reflet
des jours passés

cette mémoire
qui s’éclaire
par la nuit

les mots
dans tes poches
durcissent
à peine

dans ce reflet
tu te dis
quelque chose

qui ressemble
à l’hiver


La terre
appartient au vol
des oiseaux

le ciel
à ces nuages
qui se perdent
dans la mer

et voilà l’horizon
hypothétique et
dense

qui s’approche
de la fuite
et s’éloigne
du vent

voilà
des éclats de lumière

où s’inventent
nos vies

entre les pleins
et les déliés

les creux
et les tonnerres


Voilà le temps
à la mesure
de la mémoire

l’usure des formes
sur l’écorce
ou la peau

les brisures
que les mots
ont signées de rides

ou bien encore
d’éclaboussures

que les mots
ont éclairées

avec leur souche
leur sève
leurs siffle-
ments d’oiseaux

que
les mots
ondoyants

les mots


Désormais
l’arbre
tiendra son nom

ici

dans la mémoire
des yeux

l’arbre
étendra ses racines

dans la mémoire
du lieu

nul ne saura
le perdre

l’oublier

même en ruines
même en pleurs

abattu

même


L’arbre
qui demeure
la pensée de la terre

verticalité

ainsi
sommes-nous
l’arbre

dans son épaisseur
sa tendreté
sa violente étreinte
avec
l’aurore

sommes-nous
ces branches
dans l’allure du ciel

cette fluide fixité
aux pieds
des ancêtres

au sommet
du vent


Sommes-nous
dans l’essence des choses
dans la mesure et démesure
de toute chose

sur l’appui
de faibles certitudes

l’hiver dans notre printemps
l’été dans notre automne

la vague dans le nuage
le sable dans le miroir

nul ne nous somme
d’être
ni même
d’exister

nous sommes

ainsi



Daniel LEDUC
Partage de la lumière,
éditions L'Harmattan.


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