lundi 7 juillet 2008

LA MAISON DE L'ÊTRE (extrait)


1

Seuil
est clarté

où les pas s’inventent
d’ultimes abandons.

Lieu de franchissement,
d’écarts
de conduite,
de reculs,
d’oublis.

Tout s’y pose
comme la feuille en automne.

Puis viennent
les rafales du temps.


2

Au couloir
répondent les offrandes

de multiples
secrets.

Le franchir
dans sa largeur

pour connaître
les quelques pas

qui portent l’essentiel.Le parcourir
en long

comme pour perdre

ce surplus de poids

qui pèse
sur la mémoire.


3

Les convives
observent
l’instant

qui s’émiette

dans le plat
du jour.

Dans la salle à manger,

la durée
se nourrit
de mots –

comme la terre,

de la pluie
du temps.


4

Sur le bureau
se fanent des papiers

dans leur écriture
dormante.

Demeurent
quelques phrases

simplement,

natives des heures
sans lieu

ni périple.


5

Le plafond sépare
le vécu

de l’invisible.

Ses solives

sont les forces du temps
passé.

Il rejoint
le plancher –

où nos craintes
se rassurent

dans leurs
gémissements

familiers.


6

L’escalier
porte les pas

vers
la hauteur,

la profondeur,

la cime
des ombres,

le volcan
de la clarté.

Il descend

pour mieux
se pénétrer
du jour ;

monte

dans les combles
de la nuit.


7

Le lit
contient la chambre,

comme la chambre
est le lit.

Sous des draps
bordés
par les nuits
de tendresse,

quel chant
peut encore
explorer
son champ ?

Quel oiseau
peut naître

après s’être
envolé ?


8

Dans le grenier
le passé s’empile
sous la poussière d’étoiles
que filtre une araignée.

Au fond des malles

d’autres bruits
que le bruit
déclament,

d’autres vents
que la brise
émiettent
les mirages,

d’autres légendes
parlent

de tous ces mots

qui ne furent
jamais
prononcés.


9

Le long
de la gouttière

d’anciens désirs
d’éternité

suintent ;

et le seau
se remplit

des bonheurs

qu’il nous faut
presser

contre
nos tempes.


10

La cave recèle
les trésors

de la mémoire
secrète.

Les oublis
s’y entassent

sous des voiles
de poussière.

Parfois
quelques sanglots

se consument
sous le charbon.


Daniel LEDUC


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