vendredi 8 août 2008

GESTES DU JOUR (12)


La réalité est abstraite”(1) ; et la ville démontre l’apparence des pierres.
Nous sommes dans un jardin de béton
où les fleurs sont des lanternes.
Les arbres occultent ici
la chanson incendiaire des oiseaux.
Regardez donc
fleurir
les graffitis.
Comme les lettres forment les chiffres – à dénombrer chaque instant…
La mémoire ne nous partage-t-elle pas ? Quartiers
d’une même orange.

La nature surprend la ville dans ses entrelacements. Toujours, quelques “mauvaises herbes” seront là, affleurant du bitume.
Je lis dans les pensées des miroirs, lesquels ne réfléchissent que nos propres échos. Réverbérante, la réflexion qui se confronte ; comme se mesure chaque mot, sur chaque ligne, de chaque livre.
La ville est encore à écrire ;
nous ne finirons
de calligraphier
son nom
.

Le lierre pourrait creuser la pierre, s’immiscer dans les anfractuosités du mur, dire combien la vie s’agrippe, quel que soit son destin. Ses tiges, au milieu des entrenoeuds, pourraient se cramponner, à la façade du jour. Et de ses fleurs pourraient naître des baies, dont les grappes défieraient les couleurs de la ville. Le lierre pourrait grimper ; tutoyer le soleil.
Que faut-il donc, pour aller plus haut ? Sinon regarder les nuages ?
Je n’ai de ciel,
que la couleur du vent.

Par le lacis de la vieille ville, les rues sont un cerveau. Circonvolutions / synapses.
Axones / neurones.
J’ai le désir de marcher à perte,
dans les ruelles
aux caniveaux errants ;
imaginer ces milliards de pas
qui ont tracé leur siècle
(et nous descendrons
encore
des squelettes de la terre) ;
marcher dans les empreintes,
pour emprunter les voies…
Il n’y a pas de repère non,
hormis l’ombre qui croît.
Le siècle
est un mystère.

Daniel LEDUC
www.harmattan.fr/daniel-leduc

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(1) Albert Jacquard.


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