vendredi 5 septembre 2008

GESTES DU JOUR (24)


Sur la place, d’anciennes foires murmurent encore, et ce sont les enfants qui perçoivent, ce que le passé devise avec l'éloignement. Admettre qu’une vie soit faite, de trous d’air autant, que de pleines heures. Toute place prend la place qui demeure. La ville / s’écoute grandir – spasme espace. Et j’entends
la pluie graviter
des siècles anciens ;
et ces contes qui mijotent
au fond des marmites ;
et ces cris bouillant
dans le cœur des miséreux ;
et ces boutiquiers qui piaillent
enfournant leurs richesses
comme on enfourne un plat
de petits-fours ;
et ces mirlitons
se pendant au cou du ciel
avant que l’oubli ne fasse
le ménage ; et
ces autres contours
qu’aucune mémoire
ne sait retenir... Là,
j’entends la place :
qui m’attend.

Le seuil de chaque maison est un pas franchit qui porte.
J’aurais voulu croire que le temps passait comme un café corsé ; que nos passions se faisaient tamiser par les sables mouvants ; que rien ne restait lorsque tout était dit ; j’aurais voulu filtrer, mais quoi, de ce torrent sans eau ?
La ville recueille les pas des mots qui passent.
Il en demeure pas moins.
Le reste,
où reste-t-il ?

Souvent les voisins sont reflets de nous-mêmes ; ils côtoient en nous ce que nous avons de voisinage ; et leur porte est semblable aux portées qui rythment.
La ville est un assemblage de proche et de lointain ; l’horizon s’y replie comme après la brume ; limitrophe et contigu déforment les distances.
Les bruits eux-mêmes
sont chantournés,
se raclant les uns
contre les autres.
J’essuie mon dernier rêve.
Ainsi
sera-t-il plus net.
Dans
sa propre obscurité.

Daniel LEDUC

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