vendredi 22 août 2008

GESTES DU JOUR (22)


La vie s’étend comme un vieux drap mouillé.
Que sait-on des perspectives qui franchissent l’horizon ? Le bruit court, que l’on ne sait connaître – que nul n’attrapera.
J’ai lâché un fauve, derrière des nuages moutonneux, qu’il s’éprenne des courbes de la splendeur, ainsi que je m’éprends des lumières de la ville. Que la beauté soit
dans la fureur des lignes.
Autant d’éclats, autant de silhouettes. J’ai rêvé
ne pas comprendre ce que je rêve. Savoir
n’est pas connaître ; et la truite se faufile
entre les filets d’eau.
Entre la ville en nous. Do not disturb
que le partage
se symbolise.

Le passage se prolonge par delà ses limites, par d’autres passages, lesquels se prolongent par delà leurs limites…
J’ai grandi dans un langage, où la ville pénétrait : par des mots d’enceintes et de brique ; des phrases tourbillonnant dans des bétonnières ; des accents pointus, taillés dans la bitume ; des onomatopées, suintant des chéneaux ; des silences, échappés de l’entêtement du temps.
Le passage n’est jamais une frontière ; mais un centre, où s’opèrent les aléas du centripète, du centrifuge. J’ai grandi
hors des refuges,
sur les lignes hachurées
des traverses ; là
où les trains
dégringolent de la nuit.
Tant j’ai rêvé la ville,
qu’elle a parlé
entre mes dents.
Passage
au creux du miroir,
entre qui va
et qui s’en vient.
La ville,
convoi
immobile,
le long des regards
des chalands –
que la lumière ébroue,
fragile. À la tombée du jour,
éva-
nescence,
où j’ai
grandi.

Au fond, notre expérience terrestre comporte seulement deux choses :
l’universel et le particulier.
Fernando PESSOA
Dans son effervescence, le corps se confond avec la pluie ; le désir, devient l’arbre à palabres.
La rue n’est-elle pas une rivière, charriant des êtres en impulsion vers eux-mêmes ?
Le corps se soulève, devant le plaisir, se soulève devant la souffrance, s’expatrie, dans le sommeil des morts.
Voici que la rue, retient la mémoire ; qu’elle retient et fait passer, des instants arbitraires ; que la marge et le trottoir, se bordent d’une même rigole, où les fantasmes échouent.
Du corps, se déracinent certaines pensées ; de nouvelles formes s’éveillent.
Et la rue n’est qu’un discours, balayé d’espoirs, de salissures ; et de tout autre rêve qu’engendrent nos pas, lorsque nos pas, sont dans, la démesure…

Daniel LEDUC

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