lundi 18 août 2008

GESTES DU JOUR (21)


Mais qu’y a-t-il entre la vitre et les persiennes ? Quelle odeur de poussière peut constituer l’avenir ? Que devient la lumière une fois éteinte ? Où sont chassées les ombres ?
Par la ville transitent des milliards de questions.
Quelques réponses errent, parfois, tels des sans papiers, prêts à se fondre dans l’encoignure de la première porte cochère.
La ville demeure sur sa faim, comme si le commencement d’une ouverture n’était qu’un appel d’air.
Dans ma poche, toujours plein de points.
Suspensions peut-être. Sûrement
inter-
rogations.

Mais ne vaudrait-il pas mieux s’échapper des contextes, ainsi qu’on s’échappe de soi-même ? Non.
La réalité, c’est notre sudation ; ça colle à la peau, dès le franchissement du col – nous naissons dans le regard, de ce qui transpire ; dans ce qui sécrète l’animalité du monde. Sans cesse nous naissons.
Et la ville fait partie de nos pores ; nous l’exsudons loin de la ville. Nous l’exsudons.
J’ai partagé mon siège avec un pigeon.
La nature paraissait bruisser dans son roucoulement.
Je me suis senti voyage.
Des ailes, et puis des îles.
Échappement du texte
qui, sous les plumes,
nous tient.

Mais la mer est dans les villes, au cœur des vents qui s’engouffrent dans les ruelles, là même où les passants n’ont jamais voyagé, hormis dans leur propre routine. La mer est dans les centres, houleuse ventre de foule.
J’accompagne le vol d’une mouette, de mes yeux clos sur le jour. J’entends, sourd, le ressac – qu’il frappe encore sur mes pensées.
Certaines nuits (blafardes) s’éclairent par les fanaux qu’on accroche du regard ; luisent, certaines nuits ; près des vestiges, presque oubliés ; la mer est un partage.
Je croise
où s’annonce la tempête.
La ville se déchire,
comme un vieux quotidien.

Mais rien ne presse.

Daniel LEDUC

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